Claire Colin-Collin
Septembre – Décembre 2019
"Je viens à Kerguéhennec avec le fantasme d'y faire ce que je ne peux pas faire "le reste du temps" : peindre sans limitation de durée. Me reposer, dessiner, marcher, replonger dans les carnets d'atelier pour leur donner enfin forme. Regarder longtemps l'espace de ciel entre les feuilles… (Mais que sais-je, que puis-je savoir avant ?)
Un temps - un séjour - ailleurs - qui me permet de sortir de la ville pour me plonger dans une nature inconnue et dense. Je n'ai pas vécu ça depuis les années dans le Verdon. C'est là-bas que j'avais senti combien la complexité de la nature nourrissait mon regard, plus amplement qu'un paysage construit par les humains.
Ce n'est pas tant ce que je fais en peinture qui change, qui évolue, mais le regard que je porte dessus : ce que j'arrive à voir, ce que mon regard est capable de percevoir, au-delà de la perplexité.
Donc j'espère que ma peinture s'infusera de ce paysage, des lumières, des arbres et des fougères. Et de cette solitude particulière avec eux.
J'y pense en faisant des longueurs de piscine où une nageuse a un tatouage qui a attiré mon regard car les boucles de l’écriture bleutée jouent avec le dessin de son épaule. Ça me donne envie de voir ce que deviendrait un tatouage sur une peau qui se ride, se plisse, jusqu'à perturber son dessin initial. C'est peut-être aussi quelque chose comme ça que je chercherai là-bas, en peinture."